Rien ne me prédestinait au métier de photographe.
Après des études en informatique, j’ai démarré une carrière d’ingénieur dans la société dans laquelle j’avais fait mon stage de fin d’études. J’ai ensuite enchaîné différents postes, sans me poser trop de questions. Tout a toujours coulé de source. A 30 ans, j’avais déjà réalisé le rêve d’une vie idéale : j’avais épousé l’homme que j’aimais, nous avions deux enfants, construit notre maison, et j’étais chef de projet dans une entreprise stable.
Une période intense, riche, durant laquelle les événements s’étaient enchaînés très vite, me laissant finalement peu de temps pour moi. C’était l’époque des premiers appareils photo numériques, et j’adorais photographier ma famille. La première photo réalisée avec mon premier reflex numérique – en mode tout automatique s’il vous plaît – fut pour moi une révélation : mais quel rendu magnifique ! J’ai eu envie de comprendre et de progresser, de faire de belles images de tous ces petits moments qui passent si vite.
Très vite, tout mon temps libre a été consacré à la photo.
C’était pour moi un vrai dérivatif à mon quotidien chargé. J’ai fréquenté des forums dédiés à la photo, échangé avec des collègues également passionnés, passé des heures à regarder le travail de nombreux photographes, et surtout j’ai photographié, photographié, photographié… Ce fut une période au cours de laquelle j’ai beaucoup progressé techniquement, à la fois sur la prise de vue et le post-traitement.
C’est alors qu’au hasard de mes pérégrinations sur la toile, j’ai découvert le travail de Todd Laffler : ma deuxième grande révélation. Mais OUAAHHH quoi, ça pouvait être ça la photo de mariage !!! Aujourd’hui encore, je suis son travail avec le même émerveillement.
Entre temps, j’avais pris des responsabilités dans mon entreprise, et étais passée d’un métier plutôt technique et créatif, à un poste de management. Pression et stress étaient au rendez-vous pour la perfectionniste angoissée que je suis. La photo était alors ma bouffée d’oxygène, ma petite bulle de bien-être. Parfois je caressais l’idée d’un autre métier, de pouvoir photographier des mariages… Mais par où commencer ? Créer une entreprise pour quelques prestations alors que j’avais un travail salarié ? Comment faire ? Tout ça semblait bien compliqué.
Et puis début 2009, le statut d’auto-entrepreneur a été créé : l’occasion pour moi de me lancer sans risque en parallèle de mon activité principale, et de toucher du doigt mon rêve.
J’ai créé mon site, et mis en ligne un portfolio avec mes meilleures images. Cette année là, j’ai photographié 4 mariages. Juste assez pour confirmer que j’aimais ça, et que je n’avais qu’une envie : continuer.
Très vite, je me suis posé deux questions cruciales : celle de la communication pour cibler la bonne clientèle, et celle du juste prix. En aucun cas je ne souhaitais casser le marché sous prétexte qu’il s’agissait pour moi d’une activité secondaire.
Pendant deux ans, j’ai mené deux activités de front : mon job la semaine, et une dizaine de mariages par an (mes week-ends, soirées et RTT étant consacrées au traitement des images). Bien sûr, ça n’a pas été possible sans une discipline de fer, et le soutien indéfectible de mon mari. Pendant cette période j’ai enrichi mon sac photo avec les boîtiers et objectifs dont je rêvais. Tous les gains réalisés avec mon activité de photographe ont entièrement été réinvestis en matériel.
Après ces deux ans, j’étais lessivée. On ne mène pas impunément une vie de famille et deux métiers prenants en parallèle. Un choix s’imposait : soit j’arrêtais la photo, soit j’arrêtais l’informatique.
Le choix de la raison aurait été d’arrêter la photo.
Mais c’est le choix du cœur qui l’a emporté. Cette décision nous l’avons prise à deux, car elle n’a pas été sans impact organisationnel et financier sur notre vie de famille.
Au vu des demandes de prestations qui arrivaient régulièrement dans ma boite mail, j’avais une idée assez précise du carnet de commande que j’arriverais à remplir. J’ai donc décidé de quitter mes RTT, mon comité d’entreprise, ma super mutuelle et autres avantages, et de diviser mon salaire par deux. Mais aussi de démarrer une merveilleuse aventure, dans laquelle je serais la seule pilote à bord. Un métier où les intermédiaires n’existent pas. Où l’on travaille directement pour son client final. Où l’on fait un métier de service ô combien gratifiant. Où l’on se doit d’être créatif. Où sur chaque prestation on recommence tout à zéro et où il faut donner le meilleur de soi.
La principale difficulté pour moi aura été de ne pas me faire dévorer par mon nouveau métier. Il aura fallu apprendre à prendre un peu de recul, à savoir dire non quand le planning ne permet plus de caser de nouvelle prestation.
J’ai gardé mon statut d’auto-entrepreneur pendant encore deux ans, puis je suis passée en entreprise individuelle avec TVA. Aujourd’hui je démarre ma 7ème saison de mariages avec le même enthousiasme. J’ai encore plein de choses à apprendre, l’aventure n’est pas terminée.
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4 Comments
Je serai curieuse de savoir sur quels sites et par quel moyen cette talentueuse photographe a pu se faire la main pour améliorer ses compétences. J’essaye de faire de jolies photos pour mon blog et je suis preneuse de tous les conseils :)
Félicitations pour cette belle reconversion et surtout pour ce magnifique talent…
Un beau parcours, qui me parle énormément et me confirme que c’est possible d’y arriver et qu’il faut que je continue mon petit bout de chemin que j’ai commencé un peu de la même façon.. Merci pour ce beau partage..
Chapeau Claude !
Tu as pris la bonne décision.
Ton parcours est exemplaire.
Quelle est la prochaine étape ?
Es-tu intéressée par la vidéo ?