Je suis Mélanie Bultez, photographe spécialisée dans les mariages décalés, les couples débridés et les belles histoires d’amour, en France et à l’étranger. Depuis presque sept ans, je vogue où les mariages me portent et je me régale à chaque fois. A tel point que j’ai l’impression de me marier tous les samedis, larmichette incluse !
Comment aimes-tu te décrire ?
Romantique et photographe malgré moi.
J’ai toujours été persuadée de ne pas être romantique, ce qui est un comble pour une photographe de mariage, mais disons que j’ai le romantisme décalé. J’aime ce qui est touchant, authentique et un brin désinvolte à la fois.
Comment la photographie est entrée dans ta vie ?
Sur un malentendu. En réalité, j’étais partie pour la médecine au départ, puis après un voyage d’un an à l’étranger, j’avais besoin d’un nouvel appareil car j’avais trainé ce vieux gadget qui mettait une éternité à s’allumer durant tout mon voyage (la honte !) et je n’ai pas trouvé autre chose qu’un reflex, un D60 à l’époque.
Ensuite, j’ai repris des études dans la pub et fait un stage dans une agence photo de Genève. A ce moment là, j’ai juré ne jamais vouloir devenir photographe. Le premier jour comme assistante photo, j’avais passé 8h debout à tenir un réflecteur sans bouger, ça m’avait vaccinée. Enfin, c’est ce que je croyais.
J’ai commencé la photo pour payer mes études parce que je voulais utiliser mes talents au lieu d’aller bosser dans un fastfood. Une fois diplômée, j’ai mis de côté la photo car j’étais devenue directrice artistique à Paris et c’était difficile de concilier les deux. Mais je n’ai jamais pu me résoudre à arrêter complètement la photo, c’est pourquoi j’ai fait le choix de quitter mon poste dans la pub pour développer ce que j’appelle « mon bébé », ma petite boîte de photo.
Ton style. Portrait ou paysage ?
Portrait. Et paysage. En fait, je ne vois pas l’un sans l’autre.
La photo de studio ne me botte pas du tout, c’est comme une page blanche pour moi. C’est pourquoi j’utilise toujours le décor, la nature, un univers, un paysage pour mettre en scène mes amoureux.
Tes choix. Argentique ou numérique ?
Numérique, même si j’adorerais passer à l’argentique.
En revanche, j’ai un grand amour de la lomographie, j’adore créer ce qu’un développeur qui n’avait rien compris m’a un jour dit : des accidents. Des photos superposées avec des aberrations chromatiques approximatives, laisser le hasard faire une partie du boulot.
Tes choix. Lumière naturelle et/ou artificielle ?
J’ai commencé avec des flashs. Cela m’a permis de comprendre comment jouer avec la lumière. J’ai tout abandonné il y a quelques années pour laisser la lumière naturelle enrober la photo de sa magie. Cela veut évidemment dire réapprendre à travailler, shooter dans les bons endroits, à des horaires choisis, avec parfois des outils comme le réflecteur, et en tenant compte des caprices de la météo.
Parles-nous un peu de ta charte graphique, ton logo…
Elle me ressemble un logo en lettering qui rappelle les enseignes néon à l’américaine, un côté désinvolte et libre comme le nom d’un motel sur une route 66 sur lequel on serait tombé par hasard et où l’aventure est de mise.
C’est aussi un bout de mon histoire quand je vagabondais à travers l’Australie il y a une dizaine d’années.
Je veux que les couples qui s’orientent vers moi se reconnaissent aussi dans cette identité et c’est souvent le cas. Je veux que les futurs mariés viennent à moi en se disant «ça c’est tout à fait moi !». C’est bien plus qu’une charte graphique car elle crée la complicité entre eux et moi et c’est très important pour moi que les couples se sentent chez moi comme chez eux.
Matériel. Comment se compose ton sac photo ?
Du minimum. Un Nikon D700 qui est mon appareil de coeur, un sigma art 35mm f1.4 avec lequel je shoote 95% de mes photos et un 24-70 f2.8.
J’ai aussi un Canon 5DmIII monté en 50mm 1.2
Tu dois partir 2 jours sur une île déserte, quel matériel amènes-tu ?
Pour deux jours, je ne peux pas me passer de mon iphone mais est-ce qu’il tiendra deux jours ? ;)
Sur une île déserte, je prendrais bien un caisson étanche pour faire des photos underwater comme Elena Kalis.
Quelle est la formation que tu as préférée, ou celle que tu souhaiterais faire ?
J’ai appris auprès de professionnels en tant qu’assistante photo dans une agence plutôt orientée publicité, corporate et édition et je dois dire que chaque domaine peut inspirer les photos d’un autre domaine, ça a été une excellente école pour travailler dans le mariage.
Si j’ai un conseil, je dirais : ouvrez-vous à d’autres spécialités car cela peut vous apporter beaucoup dans votre propre style.
Préparation de la séance, installation, second shooter, workflow… Quelle est ton organisation ?
Je prépare toutes mes séances couple par mail avec mes clients. Si possible, le premier contact se fait par une vraie rencontre car j’aime bien « connaître » mes clients et qu’ils me connaissent, que l’on crée un lien. On me dit souvent « je te fais confiance, tu as carte blanche », mais en réalité, je leur propose des idées et souvent, en retour ils finissent par m’orienter d’eux-même sur ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas.
On échange des mails jusqu’à ce qu’on trouve l’idée qui leur correspond. Je ne shoote jamais deux fois au même endroit, la même séance. Je veux que chaque séance soit unique. Ca me pousse à avoir toujours de nouvelles idées, mais à ce jour, toujours pas de pénurie :)
Je shoote en lumière naturelle, ce qui fait que l’on est souvent tributaire de la météo, et parfois on doit passer par un plan B, mais je préfère vraiment reporter une séance travaillée que jongler entre la montre et mon imagination sur le tas.
Je garde tous mes fichiers que je shoote en RAW, je sélectionne sur l’ordinateur et je ne supprime rien avant que les clients n’aient reçu les photos.
Pour le post-traitement, je travaille sur Lightroom et Photoshop.
Quelle est ta photo préférée à ce jour ?
Ma photo préférée, c’est celle où le marié crie son amour sur la barque.
J’adore cette photo parce que je sais ce que les gens se disent en la voyant, et c’est à mille lieux de ce qu’il s’est réellement passé !
Pour la petite anecdote de photographe (mais ça reste entre nous), le marié m’a prise un peu pour une dingue quand je lui ai dit « tends les bras vers le ciel et crie nous ton amour ! ». Alors que tout le monde se dit « oh c’est adorable un marié qui s’exclame de cette façon avec tant de liberté ».
Sans compter que j’ai embarqué mes mariés dans une aventure sur le lac avec un rameur allongé dans la barque pour être caché, moi en pédalo à 10 mètres d’eux et un acolyte pour m’aider à pédaler parce que j’ai des jambes en mousse. Alors vous y voyez de la romance et de la poésie, et moi ça me rappelle à quel point on a ramé (sans jeu de mot) pour avoir ces clichés.
C’était vraiment une aventure et mon petit couple a adoré !
As-tu des projets en préparation, ou réflexion ?
Oui les grands projets, j’en ai tout le temps :D
Je viens de passer une année 2016 pleine de mouvement, de remise en question, de redéfinition de mon style, de mes valeurs, de mes envies.
Cette année sera sous le signe du voyage, mais aussi je prends la direction que j’ai toujours voulu prendre sans vraiment oser le faire : celle de faire des photos dans un style plus rock, plus débridé, street et underground. Difficile de trouver les mots qui correspondent mais l’idée est très claire dans ma tête !
Comment te vois-tu d’ici 5 ou 10 ans ?
J’ai envie de transmettre, de former, d’enseigner. Nous verrons où la vie nous mènera !
Quel est ton conseil pour les photographes qui nous lisent ?
Prenez le temps d’apprendre, ne sautez pas des marches parce qu’il va vous manquer des pièces au puzzle.
Personne n’a commencé en faisant tout d’un coup des photos qui déchirent.
[bctt tweet= »Personne n’a commencé en faisant tout d’un coup des photos qui déchirent. »]
« Be positive, patient and persistent ».
2 Comments
» Et apprenez par vous-même. Personne n’a commencé en faisant tout d’un coup des photos qui déchirent. » Une phrase qui fait du bien au moral et qu’on étende rarement :)
J’adore ! les photos, la personnalité ! Jolie découverte !
Je ne connaissais pas Mélanie, c’est donc une bien jolie découverte. J’aime beaucoup son univers, un brin décalé et très original, avec une belle reconversion en prime :-) Bravo !!