Au-delà de la photographie sociale, il y a de multiples raisons de photographier un enfant : dans le cadre de la photographie scolaire par exemple, de la photo publicitaire, la photo d’art, de presse ou encore à titre personnel, ses propres enfants ou proches. L’usage des images est réglementé. Nous avons tous entendu parlé du droit à l’image, mais en connaissez-vous les subtilités ? Quel(s) contrat(s), quelle(s) autorisation(s) sont spécifiquement nécessaires pour les personnes mineurs ?… Joëlle Verbrugge a tenté de répondre à toutes questions et problématiques possible concernant la photographie d’enfants (nos droits et nos devoirs en tant que photographe).
A l’occasion de la sortie de ce nouvel ouvrage, il me semblait important d’en savoir plus sur Joëlle Verbrugge. Avec Amandine, nous avions déjà évoqué son livre dédié à la photographie de mariage, découvrons maintenant l’auteure.
Qui est Joëlle Verbrugge ?
Je vis au Pays basque depuis 2001 (j’étais en Belgique auparavant, mon pays natal). Je suis à la fois avocate et photographe (sous un statut d’artiste), et l’heureuse maman de deux enfants de 12 ans (le papa va très bien aussi).
Comment la photographie est entrée dans ta vie ?
Au départ, il me semble que c’est un abonnement au magazine « Géo », reçu quand il a été créé (j’avais 12 ans environ) qui m’a donné envie d’essayer. Et le petit Instamatic Kodac reçu peu avant n’a vite plus été suffisant. Donc j’ai économisé et cassé ensuite la tirelire pour m’acheter mon premier reflex, que j’ai d’ailleurs gardé jusqu’en 2004…
Quand je revois toutes les photos prises pendant ces années-là, je me dis que ceux qui débutent avec le numérique ont malgré tout un sacré avantage : celui de pouvoir essayer sans répercussion directe sur le coût du développement. C’est à mon sens un bon moyen de progresser plus vite… Puis en 2004 je suis passée au numérique justement et cela m’a fait avancer d’un grand pas, tant et si bien qu’en 2009, pour être cohérente, j’ai adopté un statut d’auteur.
Quelle est ta spécialité (en photo) ?
On va dire que mes photos s’orientent essentiellement sur trois thèmes :
- La photo sportive
La photo sportive reste ma préférence. J’essaie, autant que possible, d’y apporter une touche artistique. Je suis aidée pour cela dans le fait que bien souvent, je n’ai pas de contrainte de temps et d’urgence. En cela, c’est plus confortable que le journaliste sportif qui doit déjà envoyer des photos pendant la mi-temps. J’ai pour ma part le temps de rentrer tranquillement, et de choisir le traitement qui, selon moi, convient le mieux à chaque série.
Je collabore notamment avec l’agence « Image gagnante », qui s’est spécialisée dans la création de books pour les sportifs professionnels en vue de les aider à trouver des sponsors. Pour ce qui concerne les photos d’actualité sportive, j’en réalise quelques séries pour l’agence Le Moustic Production.
Toutes mes séries sportives sont visibles ici , et là.
- La photo de concert et de spectacles
Aussi au gré des opportunités, des partenariats. (Pour voir toutes mes séries sur ce thème).
- Et tout ce qui concerne cette belle région où j’ai la chance de vivre.
Sur ce thème, j’ai publié un premier ouvrage en 2011 (« Pays basque, terre de couleurs ») et un second en 2014, celui-là à 4 mains avec André Lamerant, « Biarritz ». Mes séries basques, sur terre ou dans les airs, se trouvent ici : http://www.joelle-verbrugge-photographe.com/GALLERIES/PAYS-BASQUE
Bien sûr, je balade aussi mon boîtier partout où je vais, et j’ai d’autres sujets, notamment des séries sur les couleurs, d’autres sur les contrejours, ou un travail intitulé « Des pieds et des mains ».
Tu es aussi auteure, et réalise des « check-list » quel est le concept ?
Oui, au fil du temps j’ai en effet fait rentrer la photo dans mon cabinet par le biais de différents ouvrages et bien sûr de tous les dossiers qui sont ouverts sur ces sujets.
La Collection Checklist est née de l’idée, avec les responsables de 29bis Éditions, de fournir un contenu juridique qui soit en même temps ludique.
Le premier était « Checklist Photographe de mariage ». Ce premier opus ayant de suite très bien marché, j’ai enchaîné avec d’autres qui ont suivi à un rythme régulier dans cette collection entre 2016 et 2017.
Le concept est toujours celui d’un livre dont vous êtes le héros. La table des matières est visuelle, et se présente comme une sorte d’algorithme. En fonction des réponses aux questions que je pose, le lecteur peut ainsi se diriger directement vers les parties qui le concernent le plus, en étant sûr de ne rien rater d’important. Dans la version numérique des ouvrages, d’ailleurs, le schéma qui sert de table des matières est cliquable, ainsi que tous les renvois à l’intérieur de l’ouvrage. Ça contribue un peu au côté ludique et amusant. C’est une gymnastique au moment de l’écriture, mais en fait le défi était amusant et je m’aperçois que ça m’oblige aussi à structurer ma pensée tout à fait différemment, donc j’ai bien appris en me lançant dans l’aventure.
Et cet éditeur est particulièrement dynamique et motivé par mes publications, de telles sorte que nous développons en parallèle aussi la collection « Jurimage », qui contient à la fois un ouvrage au format plus classique (« Le photographe et son modèle »), et des intégrales de tous mes articles publiés sur le site 2x / semaine. Il y a donc de la lecture !
Pour en revenir aux « Checklist », le concept marche tellement bien qu’une autre auteure a récemment rejoint l’aventure, sur un thème tout à fait différent, mais susceptible d’intéresser tous les parents dont les enfants sont en âge de scolarité. C’est une petite pépite, l’auteure a super bien bossé.
L’éditeur a en outre fait le pari de se passer de distributeur, pour mieux rémunérer les auteurs. Donc le succès dépend aussi de tous les internautes.
Check-list sur la photographie d’enfants. Pourquoi ?
Au fil de mes conférences et des articles que j’écris, ainsi que des questions que je reçois par mail, je me suis aperçue que la question des photos d’enfants prend souvent une dimension toute particulière. D’une part dans l’esprit des photographes, d’autre part dans celui des parents des enfants photographiés. Les passions s’exacerbent très vite.
Internet foisonne de réponse toutes faites et souvent erronées, voire surréalistes, et l’idée s’est imposée à moi : il fallait faire quelque chose de complet.
J’évoque bien sûr les subtilités du travail avec un mineur, les parents séparés, notamment en détaillant les règles applicables aux enfants mannequins, mais aussi bien sûr, pour la photo familiale, les impératifs liés aux situations familiales parfois complexes : qui doit signer une autorisation d’image pour un enfant dans une famille recomposée ? Ou lorsque l’enfant n’a plus qu’un seul parent ? Ou que l’autorité parentale de l’un des parents lui a été enlevée ? Ou, encore, lorsque l’enfant est adolescent et veut avoir son mot à dire ? Toutes ces questions sont synthétisées dans l’ouvrage, et j’y propos des modèles de contrat et d’autorisations.
Au-delà des droits à l’image, trouve-t-on aussi des conseils sur le statut de photographe, les assurances… ?
Oui bien sûr… tout comme il existe pour la photo de mariage bon nombre de photographes qui ne sont pas en règle et exercent l’activité alors qu’ils n’ont pas le statut adéquat, il existe aussi de nombreux photographes proposant des séances « famille/nouveaux nés » sans être en règle. Et pour ceux qui ont respecté les obligations, je donne aussi des conseils justement en matière d’assurance (celles qui protègent la personne du photographe, sa responsabilité civile ou son matériel), en précisant celles qui sont obligatoires, indispensables ou facultatives. Depuis qu’on se connaît, tu sais que j’axe le plus souvent mes publications sur la prévention.
l’ouvrage est articulé autour de 2 grandes parties :
- Dans la première je réponds à la question « Qui peut faire quoi ? ». Et j’en profite pour parler aussi de la diffusion, par les parents eux-mêmes (qu’ils soient ou non photographes professionnels) des photos de leurs propres enfants. Car il y a aussi des choses à dire juridiquement à ce sujet. Puis je passe en revue les différents types de photos où des enfants peuvent intervenir (photos scolaires, photo d’actualité, photos d’art, etc.) en déterminant chaque fois qui peut en proposer à titre professionnel.
- La seconde partie reprend les mêmes catégories de photographies, j’envisage la question sous l’angle du droit à l’image des enfants/nouveaux nés et du droit d’auteur du photographe.
Le livre se termine sur des « Checklist » personnelles. Les photographes n’auront plus qu’à cocher, s’ils le souhaitent, au fur et à mesure qu’ils avancent soit dans leur installation, soit dans un projet déterminé.
As-tu d’autres livres pour les photographes en préparation ?
Ah oui… plein !!! La liste des Checklist en préparation compte déjà une 15aine d’ouvrages, mais ça s’allonge régulièrement. Le prochain sera par contre publié dans la collection Jurimage et sera rédigé à 4 mains… suspense. J’espère pouvoir annoncer cela fin 2017 ou au premier trimestre 2018. Je manque plus de temps pour faire tout cela que de projets en réserve… mais ça va continuer à s’étoffer, sans aucun doute !