L’interview de Gildas Lepetit-castel

A l’occasion de la sortie de son livre « Les secrets de la photo argentique » (Editions Eyrolles), nous avons voulu en savoir plus sur cet auteur (récidiviste), photographe, et pas seulement…

TON HISTOIRE. QUI ES-TU ?

Je suis un ancien magicien passionné par les images, leurs matières et surtout les émotions qu’elles dégagent. Je suis également un grand amoureux de musique (Rock, Jazz…) et de cinéma. J’ai bientôt 37 ans et cela fait près de 20 ans que je me consacre à la photographie.

TON PARCOURS. COMMENT LA PHOTOGRAPHIE EST ENTRÉE DANS TA VIE ?

Je suis arrivé à la photo par hasard, lors de mes études d’arts appliqués en Belgique où par bonheur on touchait à tout. A l’époque je rêvais plutôt de poursuivre dans la magie, je donnais des spectacles et passais mes journées à jouer avec des cartes. Mais quelques heures passées seul dans une chambre noire du lycée ont complètement changé la donne. Un véritable choc ! Passionné par le tirage, j »ai commencé par réaliser des images juste pour avoir de la matière à mettre sur le papier… Puis les choses se sont équilibrées.

J’ai poursuivi mes études en France toujours en Arts Plastiques, ma pratique et mes recherches étaient alors fortement orientés photo. Pour m’acheter mon matériel je tirais les images de mes camarades. Puis j’ai consacré ma maîtrise à parler des rapports entre la photographie et le cinéma (c’est là que je me suis lié d’amitié avec Bernard Plossu) puis mon DEA à propos du livre de photographie.

Enfin je suis devenu enseignant de photographie, activité que je poursuis actuellement dans plusieurs établissements supérieurs tout en gardant une activité d’auteur photographe. Parallèlement je dirige la petite maison d’édition associative GLC Editions qui a pour but de promouvoir le travail de jeunes photographes.

TON STYLE. PORTRAIT OU PAYSAGE ?

Peu importe, seul compte pour moi l’atmosphère. Je cherche avant tout à partager une ambiance, un climat, « mood » comme disent les anglais. C’est un mot qui définit bien ce que je tente de saisir dans mes images.

Un portrait, un paysage, un fragment de lieu… De vie… Tout est sujet.

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On peut tout photographier, on le constate d’ailleurs de plus en plus via les réseaux sociaux… L’important est de regarder plus en profondeur les choses qui nous entourent. Robert Frank a dit : “The eye should learn to listen before it looks.”… Belle devise.

TES CHOIX. LUMIÈRE NATURELLE ET/OU ARTIFICIELLE ?

C’est avant tout celle du lieu que je traverse. Je ne prépare rien, je photographie ce que je rencontre en marchant. Que ce soit en plein soleil (j’aime par-dessus tout les lumières fortes, aveuglantes qui créent des contre-jours marqués), sous la pluie, dans un ascenseur ou dans la pénombre d’un café…

Une seule règle jamais de flash. La lumière vient avant tout de mon sujet, c’est lui qui m’éclaire, lui qui me donne envie de déclencher.

TES CHOIX. ARGENTIQUE OU NUMÉRIQUE ?

Pour ma pratique personnelle je travaille en argentique. Son grain correspond bien à mon écriture et les images latentes à mon rythme de travail. Il y a toujours des surprises. J’ai deux jeunes enfants aussi j’aime passer du temps en labo au calme à développer mes films puis à découvrir mes images.

Pour certains travaux de commandes je shoot en numérique, je n’ai d’ailleurs rien contre la photographie numérique, ce sont juste deux formes d’écritures. Chacun son stylo !

TON LIVRE: LA PHOTO ARGENTIQUE. POURQUOI ?

En premier lieu parce que j’aime partager mes passions et que le livre est la forme idéale pour transmettre. Et parce qu’en tant qu’enseignant (et pourtant en école numérique) j’ai très souvent des élèves qui me posent des questions au sujet de l’argentique. La chambre noire, la lumière rouge, les images qui apparaissent sur le papier… Le labo suscite encore, et à juste titre, beaucoup de rêve.

Il existe des guides sur la question mais ils sont souvent trop ciblés ou trop techniques. J’avais envie de simplifier, de parler de l’ensemble de la démarche et aussi de faire intervenir des photographes et des tireurs pour éclairer le propos et multiplier les points de vue.

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MATÉRIEL, COMMENT SE COMPOSE TON SAC PHOTO ?

De plus en plus léger. C’est important de ne pas s’encombrer surtout lorsqu’on part pour marcher 12 à 15 heures dans la journée. Si je pars pour un week-end : un vieux reflex Canon EOS 5 qui me suit depuis plus de 15 ans, fidèle au poste… ou bien un petit EOS 500N, l’un ou l’autre équipé d’un 50mm f/1,4. Mais depuis quelques temps je remplace les reflex par des Olympus Pen demi-format EE-2 ou EE-3 ainsi qu’un petit compact Yashica T2 équipé d’une belle optique. L’un des avantages offert par le demi-format est de diviser par 2 le nombre de films à emporter. Selon le boitier de 5 à 10 films : Kodak Tri-x et / ou Ilford Pan 400. Quand j’ai envie de couleurs je rajoute 2 bobines de Fuji X-Tra 400. Sinon, un carnet même si je ne l’annote pas si souvent et un lecteur MP3 rempli à ras bord de musique ! J’écoute énormément de musique du réveil au couché. Enfin et surtout même, si ce n’est pas dans le sac : une bonne paire de baskets.

A QUI S’ADRESSE CE LIVRE ?

A tous ceux qui veulent s’exprimer à un moment ou un autre de leur processus de création à travers les grains d’argent. Le plus grand des novices devrait y trouver des clefs pour bien débuter et évoluer alors que les plus aguerris pourront y puiser je l’espère de nouvelles pistes à explorer et découvrir les propos de quelques grands noms de la photographie et du tirage.

PEUX-TU NOUS EN DIRE UN PEU PLUS SUR SON CONTENU ?

Bien sûr. j’ai voulu qu’il parle concrètement et simplement des appareils (du compact à la chambre), des films (et ils sont nombreux) que l’on peut trouver sur le marché aujourd’hui que ce soit en Noir et Blanc ou en Couleur, des méthodes de développement notamment du choix des couples films / révélateurs afin de trouver son identité, de la numérisation des négatifs – car tout le monde n’a pas accès à un labo, qu’il explique comment installer sa chambre noire, comment réaliser ses tirages que ce soit de la planche contact (et de ce qu’elle représente), du tirage de lecture ou d’exposition… Mais surtout de ce qu’est un tirage, de ses possibilités et de ses enjeux. j’aborde la question du format, des finitions et de la présentation.

Enfin, je donne également la parole à des tireurs noir et blanc et couleur ainsi qu’à des photographes ou des fabricants.

C’est mon troisième guide pour les éditions Eyrolles après « Concevoir son livre de photographie »; 2012 et « Les secrets de la photo de rue »; 2015, j’ai essayé de l’aborder de la même manière que les deux précédents, simplement et avec passion.

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TES PROJETS. AS-TU D’AUTRE(S) PROJET(S) EN PRÉPARATION, OU RÉFLEXION ?

Je suis toujours sur plusieurs projets à la fois. Je viens de sortir : « C’était si beau… »; un livre / zine très personnel dans lequel je m’amuse à assembler des images, à les faire résonner. Je travaille également sur deux autres petits livres. Ce sont un peu des carnets de notes ou de voyages. Par exemple ceux de ma collection « Here & Now », dont le concept est simple : je pars une journée, parfois deux, dans une ville et je shoot quelques bobines en la parcourant. A mon retour je développe, numérise et réalise dans la foulée avec cette matière un petit livre édité à 30 exemplaires et accompagné d’un tirage original que je réalise moi-même en labo argentique… Ces petits livres sont l’occasion de jouer sur les doubles pages et les rapports entre les images.

J’aime les petits livres à peu d’exemplaires, façon livre d’artiste.

Puis il y a également un très gros livre à paraître « A tantôt » que je prépare depuis un bon moment déjà sur la Belgique. C’est un pays que j’aime énormément même si mon cœur est pour toujours à Londres.

Enfin toute mon activité bénévole au sein de GLC éditions qui m’amène à créer et maquetter de nombreux ouvrages avec les auteurs. Ce sont toujours de belles rencontres !

TES CONSEILS POUR LES PHOTOGRAPHES QUI NOUS LISENT ?

Faire les choses avec passion. L’essentiel est là.

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Ne pas se mentir en tentant de faire des choses qui ne nous ressemblent pas. Il faut trouver SA PROPRE identité.

Prendre le temps d’approfondir sa culture visuelle. Aller voir des expos ! Se confronter aux œuvres. Regarder des films. Et préférer acheter des livres plutôt que des objectifs (surtout s‘ils sont à focales variables) !

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