Interview – La photo comme thérapie, l’image de soi

Soigner son image… ou se soigner par l’image.

[EDIT : Cet article et ces images ont entièrement été mis à jour le 10 septembre 2020]

Priscilla Gissot est l’une des 20 formateurs du workshop en ligne « Work’n’Pop 2020 ». C’était donc l’occasion de mettre à jour son interview.

La photographie thérapeutique selon Priscilla Gissot

Je m’appelle Priscilla, je vis dans le Var en France, j’ai deux grandes filles merveilleuses, un super chéri et un travail passionnant que j’adore… Bref je suis très chanceuse… Mais j’ai eu quelques claques dans ma vie qui ont fait grandir en moi le besoin de partager la positivité.

Je suis tombée dans la photographie par accident. En effet, après avoir travaillé dans la vente de photos pour des photographes sportifs, un jour, le boîtier m’a atterri dans les mains et je crois bien qu’il ne les a plus quittées.

J’ai démarré mon activité en 2009 en faisant du mariage, puis très vite de la maternité. Puis, c’est en 2011, à l’ouverture du « Studio Priscilla G. » en 2011 à La Crau, que sont arrivées les séances « Etre une Femme » et plus tard la photographie thérapeutique. Un axe que je n’envisageais pas du tout et qui est finalement celui qui me colle le plus à la peau depuis.

Quels sont tous tes axes de la photographie thérapeutique aujourd’hui?

Après avoir mis en place les séances « Etre une Femme » et avoir constaté leurs bienfaits sur des femmes ayant des complexes de poids, d’âge, de suite de séparation ou d’estime d’elles-mêmes, j’ai voulu aller plus loin et tenter « d’aider » à ma hauteur des personnes blessées plus profondément.

Par le biais d’une amie travaillant à l’Association Moissons Nouvelles (CHRS accueillant en foyer des femmes en difficulté de vie), j’ai pu monter le projet « Maux de Femmes », une expérience impressionnante et enrichissante pour moi et, je l’espère et je le pense, aussi pour ces 12 femmes qui sont venues à mon studio.

Je travaille également, auprès de certaines association qui luttent ou accompagnent les malades du cancer, ou auprès des femmes ayant subit de grands changements de corps, allant de la grossesse qui peut être très chamboulante pour une femme, à la Sleeve ou d’autre pathologie (accompagnée parfois d’un suivi psychologue).

Je travaille actuellement sur un projet auprès d’adolescents.

Mais la Photographie thérapeutique n’est pas réservée à une clientèle malade, elle est bien ouverte à tous. Homme, femme, ado, couple même … le travail sur l’image de soi est vaste et il y a diverses manières de l’aborder.

Qu’est ce que la photographie thérapeutique ?

La photographie thérapeutique, c’est l’art de montrer le bon côté des choses , enfin, c’est ma façon de travailler. Cela permet de sortir des souffrances, de les affronter en face, puis de regarder le positif, ce qu’on peut améliorer, se voir autrement, avec l’oeil d’un autre (le mien cherche la beauté des gens, pas celle qui est dans le physique mais celle de l’âme).

Il y a différentes façons de travailler en photographie thérapeutique, selon les personnes.

Les séances « Etre une femme » sont là pour pousser la féminité, la révéler, arriver à se voir plus belle, plus femme, changer son regard sur soi et le graver comme une nouvelle donnée dans le cerveau. Préparées et mises en beauté par Clélia Guilbot, ma partenaire Maquilleuse-coiffeuse, visagiste, c’est là déjà que les femmes peuvent être chamboulées de ce changement. Cela fait une grosse partie du travail, ensuite on révèle ensemble ce qu’elles ont au fond d’elles. Je cherche le regard, l’assurance qu’elles ont besoin de retrouver. Dans la bonne humeur, mais en piquant un peu là où ça fait mal pour aller chercher les émotions qui ont besoin de sortir de « leur boîte ».

Les hommes, eux, c’est un travail sur leur place. La société actuelle est en plein chamboulement, on me dit féministe comme si cela était un gros mot. Non, je défends la femme du poids patriarcal instauré depuis des années, mais le but n’est pas d’aller dans l’autre sens ! 

L’homme a été, comme la femme, depuis toujours, induit dans sa place, qu’il le veuille ou non, on lui a dit (même sans le dire c’est tacite) qu’il devait être ci ou ça … et si il avait le choix d’être autrement ? Et si cela permettait que chacun puisse trouver alliance au lieu de se combattre ?

L’image de l’homme, comme celle de la femme, a besoin de retrouver confiance en son âme, sa vulnérabilité, son droit d’être sensible aussi.

Quant aux ados, bien sûr, ils sont en pleine construction et remise en question. C’est le moment pour eux de se voir sans filtre, sans masque, et de laisser aussi sortir certaines émotions contenues. Accepter les changements de leur corps, et de passer dans ce nouveau monde d’adulte parfois.

Qu’est ce qui te plaît dans cette spécialité ?

La fierté de voir la leur quand elles ressortent du studio, leurs larmes quand elles/ils regardent leurs images pendant le visionnage au studio.

Quelle est ta plus belle réussite dans ce domaine ?

C’est difficile, en séance de Etre une femme, j’en ai eu de très belles métamorphoses, des retours quelques temps après me racontant les changements dans leur vie, des Mercis qui vont droit au cœur… Mais celle qui restera à jamais dans ma mémoire, c’est la séance de Sandrine un moment extraordinaire et tellement difficile … même pour moi !

Voici le témoignage de Sandrine:

C’est une chose de guérir le corps mais une tout autre de guérir l’âme. Vivre avec un corps qui ne vous ressemble plus, hors normes, perte de féminité et un mari toujours présent qui vous trouve magnifique et qui vous aime. Comment continuer à avancer quand le miroir vous renvoie une image de vous-même insupportable? Combattre pour se reconstruire.
Et un jour, Cécile me propose d’intégrer un projet combinant une mise en beauté et une photographe. Ma principale motivation: aider d’autre femmes à passer le cap, à suivre mon chemin, être un exemple!
Et me voila dans ton studio, Priscilla, petit bout de femme simple, pleine d’énergie, sensible dont le seul but et de m’aider, m’aider à travers mes maux à me sentir de nouveau une femme. Je suis stressée, impressionnée, pas dans mon élément et encore moins à ma place.
Nous voilà toutes les deux face à ton objectif.
Nous avons travaillé les premiers clichés (pas simple), des rires entremêlés de larmes ; moi sans grande conviction du résultat et toi pleine d’assurance et de mise en confiance. Tu as su me mettre au pied du mur, face à ce miroir pour affronter mon nouveau moi.
Le visionnage au studio ensuite: moment fort de cette aventure, de ce partage. Beaucoup de pression pour toi et de stress pour nous et puis l’émotion, la fierté de mon mari dans ces yeux baignés de larmes, et l’apaisement.

Notre magicienne de l’image. Tu nous as prouvé à travers tes photos, que l’on peut être malade et belle. Tu m’as énormément donné, tu as su voir en moi la belle personne que j’étais….que je suis. Alors merci, merci pour ton travail, merci de nous avoir permis d’avancer vers des jours meilleurs, merci pour tant de générosité.
Je suis fière de nous….

Quels sont tes conseils pour réussir ce type de séance ?

Etre soi … Ne pas jouer de rôle, savoir se mettre à nu (c’est une image hein lol), être à l’écoute, savoir regarder le bon côté des personnes qui viennent à vous, ne pas montrer vos hésitations, avoir de l’humour et parler de chaque complexe pour dédramatiser. Je tutoie très facilement, cela me permet souvent de briser la glace.

Ce type de séance met en oeuvre toute votre psychologie et votre approche humaine, la technique photographique est importante pour l’après mais pendant la séance il faut pouvoir se concentrer sur le modèle, surtout s’il se met nu, il faut pouvoir être rapide pour que ça ne devienne pas un supplice. Vous devez vous même être assuré de ce que vous faites pour réussir ces séances et mener au lâcher prise.

Le Workshop ESTIM a été créé pour aider les photographes à mettre un protocole clair en place, une communication efficace, pour établir une relation de confiance dès le départ ce qui facilitera grandement la séance. Une charte et une certification ESTIM ont été mis en place sur cette formation ou Clélia et moi même donnons toutes nos astuces.

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