Je suis Pascal Reynaud, photographe publicitaire spécialisé dans le domaine de l’hôtellerie de luxe dans le monde. Je suis né à Saïgon (Vietnam) et j’ai été adopté à l’âge de 1 an. J’ai grandi dans la région Rhône-Alpes et je vis près de Chambéry en Savoie. Je suis marié à une Bretonne, j’ai une fille de 8 ans et un fils qui naîtra à la fin de cette année.
Comment aimes-tu te décrire ?
Je pense être quelqu’un de simple, positif, ouvert sur la différence, passionné par l’humain, par les voyages et par la culture. J’aime partager et échanger des expériences avec les autres. J’aime les belles personnes, les belles choses ainsi que la parfaite symétrie des choses.
Comment la photographie est entrée dans ta vie ?
Après 17 années d’expérience commerciale en solutions informatiques dédiées aux Arts Graphiques où j’ai découvert les toutes premières versions de Photoshop, je me suis reconverti il y a 3 ans à la photographie professionnelle à 44 ans. Je ne suis pas vraiment un passionné de photographie mais j’ai toujours été un passionné de belles images ; la photographie étant un des outils pour créer ces visuels, c’est un peu naturellement qu’elle s’est imposée à moi.
J’ai franchis le pas vers la photographie alors que j’habitais à Chennai, en Inde du Sud. J’y ai vécu 4 ans, ce qui a été un plus pour mieux maîtriser la langue anglaise. Je me suis auto-formé en lisant des ouvrages spécialisés, en consultant des tutoriels en ligne et surtout en observant attentivement des making of de photoshooting diffusés sur Youtube. Au début, j’ai touché un peu à tout comme la photographie d’objets en studio (packshot), le portrait lifestyle, la mode, les paysages… Le déclic est arrivé au bout de 3 mois après avoir réalisé une prise de vue d’un restaurant pour un hôtel Hilton. J’ai tout de suite aimé la beauté du lieu, l’atmosphère du luxe et l’esthétique des plats cuisinés qu’il fallait mettre en valeur par l’image.
J’ai dès lors mis en place une stratégie de travail et axé toute mon approche marketing et commerciale exclusivement sur l’industrie hôtelière de luxe dans le monde et au fil de mes réalisations chez ces clients, j’ai réussi à être approuvé par Hyatt, Hilton, Wyndham et Accor pour le moment. J’ai photographié une vingtaine d’hôtels de luxe dans le monde jusqu’à aujourd’hui.
Ton style. Portrait ou Paysage ?
Les deux mon capitaine! La photographie d’hôtel englobe en fait plusieurs domaines : photographie d’architecture, photographie de destinations (lieux d’intérêts autour de l’hôtel), portrait corporate de grands chefs ou de l’équipe dirigeante, portrait lifestyle (staff ou clients en action), photographie culinaire.
Quand j’ai un peu de temps, mon travail personnel est focalisé sur le portrait noir et blanc en studio installé chez moi.
Tes choix. Argentique ou Numérique ?
Numérique, depuis que j’en ai découvert le potentiel dès le début des années 1990. Mon travail fait partie du domaine publicitaire où l’image produite doit être parfaite : je dois toujours retoucher une image pour enlever un pli sur le drap d’un lit, une tâche qu’on n’a pas pu enlever lors de la prise de vue, un reflet indésirable, etc. Je m’imagine mal accomplir cette besogne au pinceau de retouches sur le tirage papier voire directement sur le film…
Lumière naturelle ou artificielle ?
Les deux également. En fonction des ambiances qu’on veut obtenir dans les différentes pièces d’un hôtel. Pour la vue extérieure du bâtiment, une prise de vue juste avant le coucher du Soleil (magic hours) met à la fois en valeur l’éclairage artificiel du bâtiment ainsi que la belle lumière naturelle de fin de journée.
Nota Bene : dans mon métier, chaque marque d’hôtels de luxe possède un cahier des charges très précis appelé guidelines. Les cadrages, les lumières, les angles, les accessoires sont préconisés pour refléter l’identité et l’esprit de chaque marque. Pour moi, il est primordial que le client sache exactement ce qu’il veut ; cela me permet de travailler tout de suite dans la bonne direction et de délivrer une image finale conforme au besoin exprimé.
Parles-nous un peu de ta charte graphique, ton logo…
Lorsqu’on travaille dans un domaine spécifique, je pense qu’il faut utiliser les codes de ce domaine pour que le client puisse se reconnaître au travers de vous.
C’est ce que j’ai fait quand j’ai conçu mon site web qui s’appuie sur la plateforme wix.com : j’ai structuré mon site pour qu’il ressemble plus à un site internet d’hôtel de luxe qu’à un site de photographe. Mes images d’hôtel sont ainsi mises en valeur dans le contexte adéquat.
Mon logo « Pascal Reynaud Luxury Hotel Photography » reprend des symboles classiques du luxe comme les 5 étoiles et la fleur de lys royale. Ma carte de visite est minimaliste et sobre (« less is more » comme le dit bien la marque 5 étoiles Hyatt) : seuls figurent « Pascal Reynaud Luxury Hotel Photography » et « www.pascalreynaud.com ». Pas de coordonnées téléphoniques ni adresse, je veux obliger mes prospects/clients à aller voir mon travail sur mon site internet avant d’y récupérer éventuellement, si intéressés, mon email ou mon téléphone.
J’ai utilisé pour mes cartes de visite une dorure à l’or fin sur fond marron foncé qui accentue le côté « haut de gamme » de mes prestations.
Comment se compose ton sac photo ?
Je ne parlerai pas de sac mais plutôt de 2 valises qui m’accompagnent partout dans le monde :
- 1 Nikon D3X, 1 Nikon D700, 1 Fuji X20
- Nikkor 24mm 3.5 PCE (objectif à décentrement), 14-24mm 2.8, 28-70mm 2.8, 50mm 1.4G, 60mm 2.8 Micro, 80-200mm 2.8.
- 2 trépieds Benro et Manfrotto + rotules
- 1 MacBook Air 13″ et 1 iPad 2
- 3 flash cobra Nikon SB900, 2 Nikon SB700
- 1 lightmètre Sekonic L758D
- 2 octobox pliables 90 cm + pied
Et si tu devais partir 2 jours sur une île déserte, qu’emporterais-tu ?
Mon petit compact Fuji X20 avec 4 batteries et son caisson étanche pour photographier ou filmer le fond marin.
Inspiration. Quels sont les 3 photographes que tu suis ?
Erwin Olaf, photographe contemporain, pour ses images sublimes et son art de la mise en scène de personnages dans des lieux.
Gilles Aymard, photographe d’architecture, pour sa façon de capturer les lignes d’un bâtiment.
Hardev Singh, photographe indien d’hôtels de luxe. Ces images parfois un peu trop vibrantes restent cependant une belle source d’inspiration.
Quel serait le shooting / reportage photo de tes rêves ?
Photographier un de ces magnifiques palaces du Rajasthan en Inde ou bien photographier un hôtel 6 étoiles quelque part dans le monde !
Quelles sont tes astuces pour rester créatif ?
Je puise ma créativité dans tout ce que j’ai l’occasion de voir et que je trouve beau. Je n’hésite pas à m’arrêter même 5 minutes sur une petite coccinelle qui vient de se poser sur la table où je prends un café. Je me rapproche, je l’observe de près dans les moindres détails admirant le reflet du ciel sur son dos rouge tacheté, les courbures, les formes parfaites de cette petite bête à bon Dieu.. Bref, tout ça pour dire que chaque instant peut-être une opportunité de s’arrêter, d’observer et de réfléchir à ce qu’on peut en retirer visuellement pour s’en inspirer.
Je regarde également le portfolio des grands photographes d’hôtels de luxe pour essayer de comprendre comment ils travaillent. Cela me donne aussi d’excellentes idées à appliquer dans mon travail.
Workshop. Quelle est ta formation préférée ou celle que tu aimerais faire ?
Je pense que j’aurais aimé avoir une formation dans l’hôtellerie, ce qui m’aurait permis de mieux comprendre encore le fonctionnement interne d’un hôtel, ses problématiques, ses employés et sa philosophie. Je pense qu’il est important de bien comprendre ses clients. Cela n’a rien à voir avec la photographie mais je suis convaincu qu’il faut maîtriser son sujet pour pouvoir ensuite retranscrire en images son essence, ses valeurs et sa raison d’être. A chaque photoshooting d’hôtel, j’en apprends toujours plus. Cette formation aurait été juste un gain de temps…
Préparation de la séance, installation, workflow, post-traitement… Que peux-tu nous dire de ton organisation ?
Un photoshooting d’hôtel commence toujours par un brief avec le client et mon assistant. Nous faisons le tour complet de l’hôtel pour définir les meilleurs angles de vue et les moments adéquats pour obtenir la belle lumière qui va mettre en valeur chaque pièce. Pour chaque pièce, mon assitant et moi-même passont en revue chaque détail car dans l’industrie du luxe, chaque détail compte, tout doit être parfait : draps et rideaux parfaitement repassés, réagencement parfois du mobilier (travaillant au grand angle, je dois minimiser les distorsions), vitres impeccablement nettoyées, etc. En fait, j’essaie de faire en sorte que la prise de vue soit la plus parfaite possible, c’est tout le travail en moins à faire en post-production et en retouches photo.
L’aide indispensable de mon assistant va permettre de me décharger de la préparation de la pièce pour me concentrer uniquement sur l’image à créer. La partie post-traitement des images se fait à mon retour chez moi et je délivre aux clients une soixantaine d’images finalisées mise à disposition sur un serveur FTP.
Point qui me paraît majeur et qui s’applique à tous les domaines confondus de la photographie : il faut absolument soigner sa prise de vue car Photoshop ne fait pas de miracles…
[bctt tweet= »#photo : Il faut absolument soigner sa prise de vue, Photoshop ne fait pas de miracles… #PascalReynaud »]
Ton travail. Quelle est ta photo préférée à ce jour et pourquoi ?
J’ai choisi cette photo culinaire car je trouve qu’elle résume bien l’univers dans lequel je travaille. C’est un dessert réalisé par le Chef Hisham, un jeune chef marocain talentueux de l’hôtel Hyatt Place à Taghazout.
Remarquez l’architecture de ce gâteau où on retrouve des formes ovoïdes, spiralées, cylindriques et sphériques. Ressentez-vous toute la délicatesse et l’attention apportées à ce dessert par le Chef ? Regardez comment la lumière, son jeu d’ombres, les couleurs et les reflets viennent mettre en éveil vos sens. Et c’est bien ce qu’un hôtel de luxe veut apporter à ses clients : une expérience unique où le plaisir des sens doit se ressentir, se vivre pleinement…
Tes projets. As-tu des projets en préparation, ou réflexion ? Peux-tu nous en parler ?
Je vais avoir la belle opportunité de photographier cette année mon premier hôtel Sofitel en Arabie Saoudite.
C’est l’hôtellerie française de luxe à l’International qui mélange le raffinement de l’art français à la culture locale. Tout un programme avec un cahier des charges de 76 pages.
Globalement, je rêve de faire partie des grands photographes internationaux des hôtels de luxe.
Je travaille pour constamment améliorer mes images et aller dans cette voie. La route est encore longue mais l’espoir fait vivre, n’est-ce pas ? Alors je veux de l’espoir à n’en plus finir !
Mieux te connaître. J’aime / J’aime pas.
J’aime :
– le contact avec les gens
– les voyages
– le cinéma
– les livres
– la positive attitude
Je n’aime pas :
– la monotonie
– l’immobilisme
– la bêtise
– la maladie
– les personnes négatives
Comment te vois-tu d’ici 5 ou 10 ans ?
Figurant dans le Top Ten des photographes internationaux spécialisés en hôtel de luxe tout en conciliant ma vie de famille. Je peux rêver, non ?… ;-)
Ton conseil pour les photographes qui nous lisent :
Si légitimement je peux apporter des conseils, ils seraient les suivants :
– Spécialisez-vous dans un domaine, de préférence « porteur », et allez-y à fond. A force de travail, de persévérance et d’expériences bien ciblées, ce sont vos chances de devenir un expert reconnu sur un marché bien précis.
– Etre professionnel ne se limite pas à produire de bonnes images. Il faut aussi développer la partie commerciale, marketing et communication, il faut entretenir un réseau de clients/prospects, avoir un bon relationnel, soigner sa e-réputation, avoir un vrai sens du service client. Je mets volontairement de côté la partie concernant les tâches purement administratives.
Au delà de tout ça, il faut avoir une attitude professionnelle (faire bonne impression est très adapté aussi !) en face de vos clients ou prospects : ça passe par la façon que vous avez de parler et/ou de vous exprimer (par exemple, par écrit soignez impérativement l’orthographe !), par la façon dont vous vous habillez, par votre comportement (téléphone à éteindre en RDV), par le fait de savoir dire NON à une demande client inadequate, par la remise systématique de votre carte de visite, par votre site internet où figureront vos mentions légales (obligatoires d’ailleurs), par votre contenu sur votre compte Facebook, etc.
Tout se joue sur des détails me direz-vous mais sachez que les « vrais » clients, ceux-là mêmes qui sont réellement prêts à mettre le prix pour acheter des images de qualité, y portent une attention toute particulière…