Un studio photo à domicile
Je m’appelle Thierry Seguin. J’aurai 51 ans dans quelques jours. Je suis marié depuis 24 ans, père de 2 grandes filles de 21 et 18 ans.
Comment la photographie est entrée dans ta vie ?
Lors d’une envie de reconversion. J’ai d’abord suivi une carrière d’ingénieur logisticien dans un grand groupe automobile. J’ai mis 15 ans à comprendre que je n’avais pas la motivation pour faire de l’encadrement et louvoyer dans un groupe. J’aspirais à quelque chose de plus créatif, permettant l’expression de ma sensibilité. J’avais également besoin de me sentir vraiment utile, et d’avoir la reconnaissance de clients satisfaits.
En loisir, je peignais et je faisais du dessin de nu d’après modèle dans un atelier d’artiste. Après avoir exposé mes dessins, j’ai vite compris que je ne rembourserai pas les traites de la maison avec cela. Par contre, la photographie présentait des débouchés variés, dont certains permettaient de gagner correctement et agréablement sa vie. Je me suis donc formé en cours du soir de 2002 à 2004 à la photographie de reportage, puis de studio, et j’ai accompagné un photographe de mariage en week-end, avant de rejoindre une agence pour faire mes armes.
Le déclic pour le portrait, je l’ai eu en vacances, quand je suis entré à Pontgibaud dans la boutique du Studio Dupuy, qui exposait de magnifiques photos de femmes enceintes en noir et blanc. Je lui ai demandé s’il était possible d’en vivre et comment atteindre ce niveau. Il m’a parlé de la formation professionnelle continue, du GNPP (Groupement National des Photographes Professionnels) et des nombreuses formations qu’il organisait. J’ai pris un statut pro en micro-entreprise fin 2005, et en 2006, je rentrai au GNPP Ile-de-France, et suivait de nombreuses formations. Au fur et à mesure que mon activité indépendante se développait, j’ai pu obtenir un temps partiel (4/5° puis mi-temps), puis une opportunité de départ dans le cadre d’un plan en 2009.
Quelle est ta spécialité ?
Le reportage et le portrait.
Mon crédo est d’illuminer les moments clés de la vie : le mariage, la maternité, la naissance, la famille,…
Comment as-tu choisi ton identité de marque ? as-tu créé cette cohérence entre ta charte graphique et le stylisme de ton studio ?
Déjà, plutôt que d’inventer un nom pour mon activité photographique, j’ai préféré capitaliser tout de suite sur mon patronyme. J’ai suivi en cela les conseils de bon sens de Gérard Cimetière, un grand portraitiste, qui m’a dit un jour : tu as comme moi la chance d’avoir un nom de famille qui se retient bien. Pourquoi aller en inventer un autre ?
Je n’ai pas non plus cédé à la mode « made in US » : Photographie s’écrit à la française, et non avec un y.
Dans mon identité de marque, je souhaite véhiculer une idée de sobriété et de simplicité d’une part, une atmosphère de douceur, et du bien-être d’autre part. Le client doit être rassuré, mis en confiance, et invité à se détendre et à vivre une belle expérience.
Mon logo expliqué : Le carré est le cadre photographique qui ferme l’image. Il contient le S de ma signature, traversé par la ligne sur laquelle j’écris le reste de mon nom. la rondeur du S évoque la douceur, mais également le ventre d’une femme enceinte. Il reste simple et sobre, en noir et blanc, le texte utilise la police sans serif Century Gothic.
L’aménagement du studio a été également fait pour donner une ambiance zen et détendue qui met rapidement les clients en confiance.
Ton studio est-il indépendant ou à domicile ?
Le studio fait partie de la maison : il occupe la plus grande partie du sous-sol. Il n’a pas d’entrée directe vers l’extérieur. On y accède depuis l’espace d’entrée au RdC.
Au rez de chaussée, l’espace d’entrée sert de show-room, salle d’attente et salle de livraison. Il est séparé du reste du salon-salle à manger par de simples panneaux japonais.
Tous les espaces aménagés pour mon activité professionnelle ont un usage mixte (professionnel / privé) : le studio devient à l’occasion chambre d’ami ou home cinéma. Cela a une importance primordiale par rapport à la loi sur l’accessibilité des ERP (Etablissement Recevant du Public) aux handicapés : aucune pièce de mon habitation n’étant à usage strictement professionnel, mon studio n’est pas un ERP (Etablissement Recevant du Public), mais une partie intégrante de mon bâtiment d’habitation. Il n’est donc pas soumis à la nouvelle réglementation exigeant des aménagements qu’il m’aurait été impossible de faire.
As-tu fais appel à un décorateur ? ou un architecte d’intérieur ?
Oui, j’ai fait appel à Delphine Morinais, Coloriste d’intérieur à L’Esprit D Couleurs, Elle venait de décorer avec succès le studio d’un collègue à Versailles. D’autres collègues ont ensuite fait appel à ses services en France.
Notre choix s’est porté sur les tons bruns : « Y est positivement associé un sentiment de durée, de stabilité (appréciable dans nos sociétés modernes), de durabilité des choses au travers du temps. » (c.f. http://www.chm.be/couleurs/brun.htm )
Penses-tu que le fait d’avoir un studio t’apporte de la crédibilité ? de la visibilité ?
Je ne proposais pas de portrait avant son ouverture, je ne peux donc pas comparer avec avant.
De la crédibilité, sans aucun doute.
Ça n’a par contre aucun impact sur la visibilité : je suis dans une impasse résidentielle, et n’ai pas de vitrine extérieure. Quand bien même, je pense qu’une vitrine dans une rue commerçante aurait un très faible impact sur le nombre de clients en portrait. Un bon référencement internet et des partenaires « prescripteurs » sont des moyens bien plus efficaces.
Le studio est avant tout un formidable outil, me permettant d’optimiser mon temps et mon flux de travail : pas de temps perdu en déplacement, et transport de matériel. Tout est là sous la main. Le décor me permet également de faire vivre à mes clients une expérience dépaysante hors du cadre quotidien de son domicile.
Quels sont tes conseils pour les photographes qui commenceraient leur recherche de studio ?
Avoir une vision claire et réaliste de ce que l’on souhaite faire et comment on compte y parvenir. Ne pas se lancer à la légère. Bien définir auparavant les critères auxquels doit répondre l’emplacement que l’on recherche. Si un critère n’est pas rempli, savoir se résonner et refuser.
Pour les portraits de famille, femmes enceintes, et nouveaux-nés, les clients viendront généralement en voiture. Ils pourront parcourir des dizaines de km, vers un lieu excentré, mais doivent pouvoir se garer au plus près, si possible gratuitement, et sans tourner des heures.
Pour des shootings photos ciblant des jeunes non motorisés, il faudra au contraire rester dans un lieu urbain et sûr, bien desservi par les transports en commun.
Posez vous les bonnes questions de rentabilité :
- pour un panier moyen et un taux de marge donné réaliste et pas trop ambitieux, quel volume d’activité est nécessaire pour a) couvrir les charges, b) me sortir un bon revenu ?
- comment vais je aller chercher ces clients et assurer le volume suffisant ? est-ce réaliste ?
- quelle charge de travail en temps cela représente-t-il ? Suis-je capable de l’absorber seul sereinement ou bien dois-je prévoir une organisation de travail avec d’autres personnes, ou avec de la sous-traitance ?
Enfin, assurez vous d’avoir les reins solides et de ne pas prendre de risques inconsidérés : on pêche souvent trop par optimisme. Les business plans qui se réalisent comme initialement projetés sont rares. Il vaut mieux avoir les reins suffisamment solides pour survivre aux aléas et imprévus qui ne manqueront pas de surgir !
Thierry Seguin Photographie
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Photographe Thierry Seguin from Thierry Seguin on Vimeo.
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